Anne Rice – Prince Lestat
Rice, Anne
Titre :
Prince Lestat
2014, 480 pages
Cycle :
The Vampire Chronicles vol. 11
L’histoire en bref :
Il a dormi plus d’une décennie, son sommeil troublé par une mystérieuse voix. Mais se sont désormais des cris qui le tirent de son sommeil, les cris de douleurs des vampires plus jeunes, qui semblent faire l’objet d’une chasse impitoyable par une créature d’une puissance incommensurable. Alors qu’autour de lui brûle le monde des vampires, Lestat, le vampire rockeur, celui qui a visité les Cieux et les Enfers, qui a quitté son corps pour mieux le retrouver, celui qui a traversé les siècles tout en connaissant une crise existentielle sans fin, Lestat donc fuit ses responsabilités. Ses vieux amis l’implorent de chercher la cause du mal qui décime leur race, des vampires plus anciens encore sortent de leur long sommeil ou de leur long isolement pour se mettre à sa recherche afin qu’il devienne leur leader. En les rencontrant c’est une nouvelle vision de l’origine de leur espèce qui se présente à Lestat, et des choix qui vont s’imposer à lui pour l’éternité…
L’avis d’Eumène :
Plus de 10 ans que l’on attendait le retour des vrais vampires, ceux qui ne scintillent pas au soleil ou qui n’ont pas des relations sexuelles toutes les cinq pages. Lestat, Louis, Marius, Pandora, et tous les autres sont réunis dans ce récit qui introduit également une série de nouveaux personnages, certains entraperçus dans de précédents récits, d’autres surgis du passé de la race. Une mosaïque de points de vue, un récit qui se veut nerveux, passant de personnage en personnage, jouant sur les perspectives. Avec un univers d’une richesse prodigieuse, et une écriture qui a progressé ces dernières années pour retrouver son niveau d’antan, les fans pouvaient s’attendre à un grand roman.
Mais la magie n’opère pas, et c’est, disons le tout de suite, frustré que l’on sors de ce récit. Bien sur le fait que j’aie relu au cours des derniers mois l’intégralité des Chroniques des Vampires (et plusieurs autres romans de l’auteur) afin de préparer une communication scientifique à leur propos fait que j’avais peut-être des attentes disproportionnées, mais ce sont bien les défauts du livre qui me conduisent à porter ce jugement sévère. L’intrigue, si elle commence bien, s’avère très vite prévisible. Cela ne serait pas un tort si l’emballage était du niveau de ce qu’Anne Rice a pu produire de meilleur, cependant ce n’est pas le cas. Trop de personnages traités trop rapidement, trop de vies qui mériteraient un roman à part entière rapidement décrites en quelques pages qui n’offrent pas la sensation confortable d’un vêtement de riche velours qu’offrait si souvent l’écriture d’Anne Rice. Pas non plus de sensations nombreuses et prenantes comme dans son dernier récit de loup-garous, pas de chaleur hors de ces pages. Que n’en apprend-t-on pas plus sur cette résidence de Cappadoce et son mystérieux coven de femmes, ou sur ces voix venues des Alpes.
Tout semble défloré trop rapidement, à l’instar du mystère des origines du Talamasca, ou de l’identité de la Voix. Et trop de place semble prise par des intrigues secondaires, ainsi que par des passages gratuits destinés à une partie du lectorat de l’auteur mais que le récit ne justifie pas, comme ces évocations sexuelles qui prennent la place de la sensualité que l’on pouvait trouver dans les livres plus anciens. Et puis viens la sensation que tout a été écrit trop vite, presque bâclé, avec une foule d’idées qui se succèdent et font le pont entre différents romans de Rice, y compris en dehors des Chroniques telles que les références aux castrati de « Cry to Heaven » ou à la condition des Esprits dont certains rappellent ceux rencontrés dans Violin ou, bien sur, Servant of the Bones.
Peut-être une part de la déception vient-elle du fait que nombre des éléments du livre peuvent être directement reliés à des discussions de l’auteur sur sa page Facebook, et que le lecteur habitué de ces lieux peut donc avoir l’impression de ne rien lire de neuf. Mais dans tous les cas, et même si le livre n’est pas mauvais, il n’en reste pas moins un sentiment de tristesse lié à un goût de trop peu. Mais ainsi va la vie…
Note finale :
7/10
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